18 octobre 2007

Le FN vraiment en progression ?

Depuis quelques semaines, nombreux sont les communiqués sur le site officiel du FN annonçant une « nette progression » du FN lors des élections cantonales partielles. Ainsi, on pourrait être tenté de croire que le FN a retrouvé depuis quelques semaines son niveau électoral d’il y a quelques années. Il convient donc d’analyser tout cela pour savoir si oui ou non cette progression est bien réelle.

Lundi dernier par exemple, un communiqué faisait état d’une progression du FN dans des élections cantonales partielles qui ont eu lieu en Meurthe et Moselle et en Seine-Saint-Denis.

En Meurthe et Moselle, dans le canton de Tomblaine, la frontiste Geneviève Thiry obtenait 9% des voix, un score supérieur à celui enregistré lors des élections législatives de juin dernier (5,35%). Si il faut se féliciter de cette progression, il convient en revanche de comparer ce qui est comparable. On ne compare pas une élection cantonale à une élection législative au même titre que l’on ne compare pas une orange à un citron. Si progression il y a effectivement par rapport aux élections législatives de juin dernier, il y a en revanche une forte baisse par rapport à l’élection cantonale de mars 2004 (le frontiste Jean-Luc Manoury ayant obtenu 15,69% lors de cette élection).

En Seine-Saint-Denis, dans le canton de Villemomble, Marie-Estelle Préjean a obtenu un score de 8,74%, soit un résultat supérieur à celui des législatives de juin dernier mais aussi et surtout supérieur à celui des élections cantonales 2001, là on peut donc véritablement parler de progression. Cependant, il faut tout de même noter qu’en 2001, le FN avait fait dans ce canton 7,12%, mais il y avait à cette époque en face du FN, un candidat présenté par le MNR qui avait tout de même obtenu 4,02%. Si nous allons encore plus loin dans l’histoire, aux élections cantonales de 1994 de Villemomble, le FN avait fait 19% au premier tour puis un point de plus au deuxième.

Certains diront que c’est normal que le FN fasse des scores moyens (voir faibles) lors d’élections partielles compte tenu du fort taux d’abstention. Cela est vrai, mais l’abstention touche tous les partis sans aucune exception lors des élections partielles, la différence se faisant sur le niveau de notoriété des candidats plus que sur leurs étiquettes.

Donc, on ne peut pas véritablement parler de progression concernant les derniers résultats obtenus par le FN lors de ces élections cantonales partielles. Mais je ne fais pas non plus de procès à quiconque, il est normal qu’après des élections législatives catastrophiques, que chaque résultat supérieur à 5% obtenu dans une élection partielle fasse l’objet d’un communiqué sur un ton triomphateur, surtout si cela peut faire remonter le moral des troupes.

Par contre, ces résultats indiquent deux choses :

La première c’est que le FN n’est pas mort ! Certains pensaient que le FN allait disparaître suite aux élections législatives, cela n’est pas le cas. Aujourd’hui, le FN reste la seule structure de la droite nationale capable de peser quelque chose sur le plan électoral. Même si le FN est en forte baisse depuis quelques années, il reste malgré tout toujours debout.

La deuxième chose c’est que les derniers résultats obtenus par le FN dans ces élections partielles prouvent que son score des élections législatives n’était qu’un accident de parcours. Certes, le FN en juin dernier n’était pas en mesure de faire quelque chose de grandiose, mais les 4% qu’il a obtenu relève plus de quelque chose de purement artificiel plutôt que d’un phénomène politique réel.