25 avril 2007

Mon analyse de l’échec de la droite nationale

Dimanche soir, Jean-Marie Le Pen a obtenu un score catastrophique dans les urnes et cela m’a fait mal au cœur, mal au cœur pour Jean-Marie Le Pen lui-même mais aussi pour tous les militants qui se sont investis à fond dans cette campagne électorale.

Les premiers facteurs de cet échec sont externes et nous les connaissons déjà : très forte mobilisation de l’électorat d’origine extra-européenne (dont nous savons parfaitement qu’il est hostile radicalement dans sa grande majorité à nos idées), réflexe du vote utile, des médias et un système hostiles et surtout, un formidable hold-up politique réussit par Nicolas Sarkozy.

Il y a donc des facteurs externes à l’échec de Le Pen mais il y a aussi des facteurs internes. Ne pas reconnaître l’existence de facteurs internes à cet échec c’est l’assurance de descendre encore plus bas et de connaître à la longue un sort similaire à celui des amis de Marie-George Buffet.

Ne tournons pas autour du pot et ne jouons pas les hypocrites, le principal facteur interne de notre échec est bien entendu la stratégie de campagne. Si je reconnais que sur le plan de la communication ce fut une belle campagne, je dois admettre que sur le plan politique la stratégie électorale a été un échec cuisant. La politique de « dédiabolisation » initiée par certains a effectivement porté ses fruits, mais elle les a porté dans le mauvais sens au point même que le FN est apparu comme moins à droite, moins contestataire et moins anti-système, cerise sur le gâteau : Sarkozy est apparu pour nombreux de nos électeurs traditionnels comme quelqu’un de plus à droite que Le Pen !

Cette politique de « dédiabolisation » est donc un échec et cela a pu déjà se vérifier dans un passé très récent (régionales 2004 en Ile-de-France et européennes 2004). Si cette « dédiabolisation » signifie que l’on arrête les petites phrases dérangeantes je suis parfaitement ok, si cette « dédiabolisation » signifie que l’on arrête de parler de la 2ème guerre mondiale je suis aussi ok, par contre si cette « dédiabolisation » signifie un reniement sur certaines de nos positions idéologiques alors là je dis stop !

Certains choix stratégiques qui étaient censés nous apporter un maximum de voix se sont révélés au final totalement improductifs : discours de Valmy, venue surprise de Dieudonné, politique de drague vers les «jeunes » de banlieue, affiches électorales faisant trop marketing, discours prononcé à Argenteuil (je parle bien du discours et non de la visite) et enfin les attaques sur les origines de Nicolas Sarkozy.

Dans une campagne électorale marquée par le signe du renouvellement de la classe politique, il est vrai que les 78 ans de Jean-Marie Le Pen ont joué un grand rôle. Pour de nombreux électeurs, Le Pen à 78 ans ne pouvait pas incarner le « renouveau » par rapport au trio du système (tous cinquantenaires). Cela étant, je ne remettrais pas du tout en cause la candidature de Jean-Marie Le Pen car celle-ci était la seule légitime pour représenter l’ensemble de la droite nationale. Après son gros succès du 21 avril 2002 il était tout à fait normal que Jean-Marie Le Pen se présente à nouveau devant les électeurs pour cette élection présidentielle.

Que faire maintenant après un tel échec ? C’est simple : reconstruire, ou plutôt retrouver notre spécificité politique. Sans avoir une préférence pour l’un ou pour l’autre, je pense que Bruno Gollnisch et Carl Lang, sont les mieux placés pour être à la tête du FN dans les années à venir. Le FN doit donc retrouver son identité politique, c'est-à-dire retrouver son discours originel sur plusieurs thématiques : Europe, immigration, identité nationale, insécurité et bien entendu défense de la vie.

L’Union Patriotique doit enfin déboucher sur quelque chose de concret et non sur un simple gadget comme cela a été le cas lors de la campagne électorale des présidentielles. Ce qui a été regrettable dans cette affaire là, c’était les réactions hostiles de certaines personnes vis-à-vis du retour de Bruno Mégret (retour pourtant approuvé par Jean-Marie Le Pen). L’Union Patriotique doit à mon avis, avoir pour objectif de réunir la totalité de tout ce qui est apparenté de près ou de loin au vaste courant de la droite nationale (MNR,MPF, Alsace d’Abord, le Bloc Identitaire, les amis de Bernard Antony, Terre & Peuple etc…).

Concernant les ambitions électorales, il doit là aussi y avoir un recentrage. Il faut cesser de fantasmer sur un succès possible à l’élection présidentielle. Avant d’envisager l’Elysée, il vaut mieux concentrer nos efforts dans des scrutins dans lesquels on est à peu près sûre d’obtenir quelque chose (municipales, régionales, cantonales voir législatives). Ce recentrage électoral devra par ailleurs s’accompagner d’un réel enracinement local et cesser la valse des parachutages, des parachutages qui à terme ne sont que contre-productifs pour notre vitalité électorale.

Malgré l’échec du 22 avril 2007, la droite nationale n’est pas morte, loin de là. Cessons de sombrer dans le défaitisme et pensons dès à présent à la reconstruction de notre courant politique afin de faire en sorte que la prise de pouvoir ne soit plus synonyme de mirage.