23 octobre 2007

Sarkozy verrouille le système une bonne fois pour toute

On savait que Nicolas Sarkozy a toujours été partisan d’un système politique réservé exclusivement aux membres du système. Grâce à son élection en tant que président de la République, il peut désormais passer de la théorie à la pratique.

Hier, partisan d’une UMP beaucoup plus libre et plus démocratique (c'est-à-dire plus indépendante par rapport à Chirac), Sarkozy a changé radicalement de méthode depuis qu’il est locataire de l’Elysée. Ainsi, il n’y pas plus de présidence à la tête de ce parti mais un secrétariat général. Naturellement, ce secrétariat général a été confié à un proche de Sarkozy, à savoir Patrick Devedjian.

Toujours concernant l’UMP, fini l’époque des scrutins internes pour la désignation des têtes de liste aux élections. Dorénavant il n’y a plus aucune élection primaire dans les fédérations de l’UMP et seul le Roi Nicolas Sarkozy attribue les investitures de l’UMP pour les élections municipales. On a pu vérifier cela à Neuilly-sur-Seine où David Martinon a été imposé par Sarkozy mais aussi à Nice où c’est Christian Estrosi qui aura l’étiquette UMP. A Neuilly comme à Nice, ces deux parachutages sont mal vus et les militants locaux de l’UMP n’ont qu’un seul droit : celui de se taire.

Au niveau institutionnel maintenant, Sarkozy compte verrouiller le système via la Commission Balladur. Aujourd’hui nous connaissons déjà quelques grands axes qui ressortiront de ce comité de réforme des institutions. La première mesure sera l’introduction d’une dose de proportionnelle pour les prochaines élections législatives, je pourrais même dire une toute petite dose. Seulement 30 sièges seraient concernés par le scrutin proportionnel, soit environ 5% des sièges de l’Assemblée nationale ; il s’agit donc de quelques petites miettes distribuées gracieusement par le système sarkozyen.

La deuxième mesure concerne la possibilité pour le chef de l’Etat d’intervenir devant le Parlement, en gros cela signifie que Nicolas Sarkozy pourra bénéficier d’un énième temps de parole supplémentaire et qui plus est réglementaire celui-ci !

La troisième mesure et là, sûrement la plus scandaleuse, une réforme du système des parrainages qui consisterait en fait à ce que ça soit un collège de grands électeurs (des élus en fait) de sélectionner qui sera apte ou non à se présenter à l’élection présidentielle. Inutile de dire qu’une telle réforme aura pour but (unique ?) d’écarter toutes les candidatures hors-système à commencer par celle de personnalités issues de la droite nationale et plus particulièrement celle de Marine Le Pen (la seule personnalité de la droite nationale qui pour le moment a très clairement fait savoir qu’elle pourrait peut-être se présenter pour cette échéance électorale).

Si de telles mesures étaient mises en application, alors cela voudrait dire que seuls les partis appartenant au système auront le droit de faire de la politique.

Et dire qu’il y a encore quelques semaines, Nicolas Sarkozy s’inquiétait du soi-disant non-respect de la démocratie dans la Russie de Vladimir Poutine…