Paradis multiculturel : autodafé antichrétien en Terre Sainte
Plusieurs centaines d’exemplaires du Nouveau Testament ont été brûlés, le 20 mai dernier, par des étudiants religieux juifs à Yehuda, ville israélienne de 34 000 habitants située à l’est de Tel Aviv, près de l’aéroport de Lod. Révélé par Associated Press et repris par le quotidien israélien Haaretz, cet « incident » n’a eu qu’un faible retentissement dans la presse francophone.
Interrogé par les journalistes, le maire-adjoint de la ville, Uzi Aharon, a expliqué que des missionnaires étaient récemment venus distribuer des exemplaires du Nouveau Testament et autres matériels religieux dans sa localité. Après avoir reçu des protestations de la part de certains habitants, l’élu, muni d’un haut-parleur, a organisé avec des étudiants religieux juifs la collecte des ouvrages remis. Jetés en tas près d’une synagogue, ceux-ci ont ensuite été brûlés. Le quotidien Maariv soutient que « plusieurs centaines d’étudiants de la “yeshiva” [qui étudient essentiellement le Talmud NdA] y ont pris part » alors que pour Uzi Aharon : « peu y avaient participé » et que lui-même n’était « pas présent ». l’édile minimise l’incident en précisant que «non pas la totalité des Nouveaux Testaments avaient été brûlés, seulement quelques centaines. » Regrettant la destruction des exemplaires, il affirme pourtant : « je ne dénonce pas le fait qu’on ait brûlé ces livres, mais je dénonce ceux qui ont distribué ces livres», car ils incitent à la conversion des Juifs.
A la suite de cette affaire, l’avocat Calev Myers, représentant les quelque dix mille juifs messianiques qui reconnaissent Jésus comme leur Sauveur, a demandé sur Army Radio que les jeunes incendiaires soient poursuivis. Bien qu’autorités israéliennes et Juifs orthodoxes voient ces activités missionnaires d’un mauvais œil, beaucoup d’Israéliens disent abhorrer et associer le fait de brûler des livres à des actes commis par les nazis durant la deuxième guerre mondiale.
Loin d’être isolé, ce qui s’est passé à Yehuda vient confirmer l’existence de tensions religieuses en Terre Sainte, tensions dont se fait le témoin Haaretz : « En début d’année, le fils d’un éminent missionnaire chrétien fut sérieusement blessé en ouvrant un paquet qui, destiné à sa famille, lui explosa entre les mains. L’an dernier, des individus faisant irruption dans une église de Jérusalem, y ont mis le feu ; 25 ans plus tôt, ce lieu de culte avait déjà été incendié par des extrémistes (sic) juifs orthodoxes. » Plus loin, sous le titre « Les chrétiens de Jérusalem veulent que les juifs cessent de leur cracher dessus », le journal rapporte l’incident suivant : « Après une entrevue avec les autorités de la ville, un pope orthodoxe septuagénaire avait regagné sa voiture. Un vieil homme portant kippa frappa à la vitre et lorsque le religieux la descendit, le passant lui cracha au visage. Le pope ne porta pas plainte, se disant habitué, comme la plupart de ses collègues, à ce genre d’insultes. Parfois pourtant, les réactions sont immédiates. Ce qui fut le cas lorsqu’un “yéshiva” cracha sur la croix portée par un évêque arménien, lors d’une procession. Celui-ci gifla l’étudiant et la relique se brisa. L’évêque Nourhan Manougian exigea l’intervention du ministre de l’Education, questionnant : « Quand a lieu, dans le monde, une attaque contre les juifs, le gouvernement israélien s’insurge, pourquoi donc, lorsque notre religion et notre fierté sont insultées, ne prennent-ils pas de mesure ? » A cela, le jeune homme fut condamné par la cour de Justice de Jérusalem et banni de la Vieille Cité pour une période de 75 ans. »
Pour Daniel Rossing, directeur d’un centre de dialogue entre Juifs et Chrétiens, : « ce genre d’incidents se multiplient, preuve d’un climat d’intolérance dans le pays », ajoutant qu’ils sont « plus fréquents là où vivent ensemble juifs et chrétiens, en particulier dans les quartiers juifs et arméniens de Jérusalem et de la Porte de Jaffa ». « Je sais, dit-il, que les chrétiens s’enferment chez eux tout le temps que dure la fête de Purim. » Un dommage collatéral du « Vivre ensemble » ?
Michelle Favard-Jirard pour Novopress France
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