11 juin 2007

La chute !

Je savais depuis plusieurs semaines que le FN n’allait pas faire un bon score aux élections législatives, je savais aussi que le score ne dépasserait pas 6% ; non seulement j’ai eu (hélas) raison mais la chute du FN a été plus grave que prévu.

Avec un score de 4,28%, le FN s’est totalement effondré. Certains, pour se consoler, parleront de « victoire idéologique », d’une trop forte abstention, du hold-up de Sarkozy sur les thèmes qui faisaient jadis le succès électoral de Jean-Marie Le Pen et pourtant il faut avoir l’honnêteté intellectuelle de reconnaître que ce mauvais score signifie beaucoup de choses pour l’avenir de la droite nationale.

Bien sûr, le score des législatives est plus ou moins conditionné par le score des présidentielles, mais de là à chuter aussi bas. Certains parleront d’un phénomène conjoncturel, moi je pense qu’il s’agit plutôt d’un phénomène structurel. Le 21 avril 2002 était en quelque sorte l’arbre qui cachait la forêt. Jamais le FN ne s’est remis de la scission de 1998. On peut aimer ou ne pas aimer Bruno Mégret, mais il faut reconnaître que c’était le seul (je n’ai pas connu Stirbois) qui était capable d’organiser le FN. Si Mégret n’a jamais eu (et n’aura sans doute jamais) la stature pour être chef d’un mouvement, c’est en revanche le meilleur tacticien que la droite nationale ait connu. Sous Mégret, le FN progressait d’élection en élection, il formait une multitude de cadres talentueux, il s’attelait en permanence à enraciner localement le FN, c’était l’époque où le FN pesait réellement sur la vie politique française.

Depuis la scission donc, le FN s’est enlisé et n’a plus du tout réussi à faire quelque chose de fort dans les urnes (exception faite du 21 avril 2002 et à un degré moindre du score mi figue mi raisin des régionales 2004).

Depuis 2003, le FN a également perdu progressivement plusieurs cadres de qualité : Bernard Antony, Jacques Bompard, Philippe de David Beauregard ainsi que plusieurs militants moins connus.

Le FN fut pendant de nombreuses années le parti qui faisait office en quelque sorte d’Auberge Espagnole de toutes les composantes de la droite nationale. Cela pouvait créer certes quelques tensions, mais par contre, l’apport de toutes ces composantes apportait une véritable valeur ajoutée sur le plan militant.

Depuis 2002/2003, le FN était censé se « professionnaliser » afin de devenir un parti de gouvernement, tout ce processus a été symbolisé par la fameuse stratégie de la « dédiabolisation ». Cette stratégie à mon avis aurait pu être payante si cela s’était accompagné d’une volonté réelle d’enracinement local, d’un respect des différentes composantes (païens, catholiques traditionalistes etc…) et surtout un respect total et absolu de certains dogmes idéologiques.

Malheureusement, cela n’a pas eu lieu et nous connaissons tous la suite des évènements…On a essayé de se consoler comme on le pouvait à chaque fois en espérant au grand soir du 22 avril 2007. Si il y avait eu une remise en question d’une certaine façon de faire de la politique au lendemain des régionales de 2004, peut-être que le tir aurait pu être corrigé pour 2007, mais finalement certains ont voulu persister dans leur démarche et cela fait qu’aujourd’hui le FN c’est 4% du corps électoral.

Hier c’est presque toute la droite nationale qui a essuyé un dur échec. Je dis presque car si le FN et le MNR ont lourdement chuté (même si la baisse est moins forte pour le MNR étant donné le poids électoral minuscule de la formation de Bruno Mégret), il y en a d’autres en revanche qui eux ont réussi. Nissa Rebela est la seule formation politique de la droite nationale qui a non seulement réalisé son objectif mais qui en plus est allée bien au-delà. Philippe Vardon et Guillaume Luyt ambitionnaient que Nissa Rebella atteigne 2% des voix dans deux circonscriptions, finalement Nissa Rebella a dépassé les 2% des voix dans les 4 circonscriptions dans lesquelles ces candidats étaient présents.

La question de la refondation de la droite nationale est désormais à l’ordre du jour. Plusieurs leaders de la droite nationale ont déjà évoqué quelques pistes pour le renouveau même si pour l’instant, un seul a proposé quelque chose de très concret : Carl Lang. Carl Lang (au même titre d’ailleurs que Bruno Gollnisch) souhaite une refondation de la droite nationale avec une grande structure (le FN pourquoi pas, ou une autre le cas échéant) qui regrouperait toutes les chapelles de la mouvance et surtout une structure qui serait dirigée par une équipe collégiale. Cette idée de direction collégiale me plaît bien, surtout qu’aujourd’hui personne n’a vraiment un leadership naturel pour diriger d’une seule main la droite nationale.

Plusieurs militants nationalistes doivent être déçus depuis hier (et bien sûr depuis le 22 avril dernier), nombreux sont ceux aussi qui pensent que le combat électoral est perdu, ceux là ont tort. Nos idées seront tôt ou tard amenées à être appliquées au niveau local et national, à l’avenir les faits vont nous donner raison. Les défaites du 10 juin et du 22 avril illustrent en fait non pas un déclin de nos idées, mais simplement une crise de croissance et une défaillance peut-être d’une structure. Il convient donc d’améliorer et de modifier cette structure et, si cela n’est pas possible, d’en créer tout simplement une nouvelle plus performante qui sera elle, capable de se transformer en un vrai outil de conquête du pouvoir.

1 Comments:

At 11:23 AM, Blogger pat said...

Justement, Bruno Mégret, avait m^me fonder, un institut de formation, mais dont les cadres qui en sortaient étaient tout acquis à sa cause.De même le maillage important étaient fait de militants aussi acquis à sa cause, c'est pour ça qu'àla scission, plus de 80% des cadres du FN se sont retrouvés au MN puis au MNR;À Angers, ils sont même parti avec soit le fichier ou tout au moins une copie du fichier des adhérents qui ont été submergés d'appels à rejoindre le MN.J'ai encore l'un de ces documents où Le Pen et sa fille sont traité plus bas que terre.

 

Enregistrer un commentaire

<< Home