Le vote ethnique a bien eu lieu
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le vote ethnique aux élections législatives a bien eu lieu. On se souvient du vote massif des allogènes aux élections présidentielles en faveur de Ségolène Royal, cela a été renouvelé aux élections législatives même si l’impact du phénomène est moins important compte tenu du faible niveau de participation à ce scrutin.
Alors que le choix se limitait à douze candidats lors de l’élection présidentielle, il en fut tout autrement avec ces législatives puisque plusieurs milliers de candidats se sont présentés.
De nombreux candidats allogènes (ou issus de la « diversité », pour faire plus politiquement correct) étaient candidats lors de ces élections législatives dont certains avec le soutien des grandes formations politiques du système. Parmi ces candidats allogènes, il faut distinguer ceux qui ont fait campagne avec des moyens limités (Mouloud Aounit, Faouzia Zebdi-Ghorab ou Mohamed Latrèche) et ceux qui ont pu mener une campagne active de terrain grâce à l’appui d’une bonne structure militante (Abdel Sadi, Safia Otokoré, Najat Belkacem etc…). Bien sûr, le soutien d’une grande formation politique est aussi un atout majeur, mais cela est à relativiser si l’on se penche plus en profondeur sur certains cas.
Dans la circonscription d’Argenteuil par exemple, le candidat socialiste Faouzi Lamdaoui fut battu au deuxième tour face au candidat de l’UMP Georges Mothron de seulement 674 voix. Le 17 juin, ce sont 16 309 électeurs qui ont voté en faveur de Lamdaoui, une performance non négligeable pour un parachuté. En 2002 le candidat de la gauche était le communiste Robert Hue (très bien implanté sur ce secteur) et il avait moins mobilisé d’électeurs sur son nom que Lamdaoui. Si Lamdaoui avait plusieurs handicaps qui jouait contre lui : notoriété de son adversaire de l’UMP, parachutage, peu voir aucun enracinement sur le terrain, état électoral lamentable du PS ; il avait en revanche un très gros atout : ses origines. Il paraît évident que les origines de Faouzi Lamdaoui ont joué en sa faveur dans une circonscription comprenant plusieurs cités « sensibles » (dont la fameuse dalle d’Argenteuil).
Dans les Yvelines, plus précisément dans la circonscription de Trappes, la socialiste Safia Otokoré a été battue de seulement 1072 voix face au sortant de l’UMP Jean-Michel Fourgous. Pourtant parachutée dans la circonscription (elle vient d’Auxerre), Safia Otokoré a tout de même obtenu 180 voix de plus que Catherine Tasca en 2002, Catherine Tasca (qui était pourtant Ministre de la culture et qui donc bénéficiait d’une certain niveau de célébrité).
Comme pour Faouzi Lamdaoui, Safia Otokoré a sûrement eu un vote communautaire en sa faveur (je pense tout particulièrement aux cités de Trappes et d’Elancourt).
Autre circonscription : la 7ème des Bouches-du-Rhône. La candidate de l’UMP Nora Remadnia Preziosi (qui elle n’est pas communautariste contrairement à quelqu’un comme Christiane Taubira ou Mouloud Aounit), a fait au deuxième tour un score de 42,21% (contre 57,79% pour la socialiste). Il est clair que c’est une grosse défaite, mais en y regardant de plus près, c’est une grosse performance sachant que l’UMP n’était pas parvenu à se qualifier pour le 2ème tour dans cette circonscription ni en 2002 ni en 1997 ! Nora Remadnia Preziosi a sans aucun doute bénéficié d’un vote important de la communauté musulmane vivant dans les quartiers nord de Marseille.
Je pourrais également citer les cas de Roubaix ou du 20ème arrondissement de Paris pour prouver l’importance du vote communautaire. Jamais il y a eu un enjeu communautaire aussi fort que lors de ces élections législatives 2007. De nombreuses associations de la « diversité » se sont d’ailleurs mobilisées fortement sur le terrain pour soutenir les candidats issus des minorités ethniques. Ainsi, la socialiste George Pau-Langevin (antillaise et ancienne présidente du MRAP) a bénéficié de plusieurs renforts de la communauté afro-antillaise dans son comité de soutien : l’athlète Aladgi Ba, Harlem Désir, Stéphane Pocrain, Christiane Taubira évidemment…, Lilian Thuram (qui lui pourtant n’est pas censé s’intéresser aux partis politiques) ainsi que Louis-Georges Tin qui est le porte parole du CRAN (le Cran qui à la base est censé adopter une attitude de neutralité lors des élections…). Militante de la cause afro-antillaise, George Pau-Langevin a réussi à communautariser sa campagne au maximum (elle a souvent fait référence lors de ses discours à Aimé Césaire), d’ailleurs même Malek Boutih a considéré que Langevin était une candidate communautariste !
Comme quoi, il y a bien eu un enjeu ethnique lors de ces élections législatives et il serait peut-être temps que les européens de souche à l’avenir donnent une plus grande importance au caractère identitaire des élections et si possible en allant bien au-delà des étiquettes politiques.
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